「Bien sûr. On gardera une part pour ta Maman et ton Papa,
… mais qu’y a-t-il Riri ? Est-il arrivé quelque chose à Renka ? 」
Renka, la maman de
Riri, était enceinte. Il lui était peut-être arrivé quelque chose ?
Assistance et soins
attentifs étaient promis aux citoyens de la zone résidentielle de 『Chronos』par une équipe médicale spécialisée pour prendre
soin d’eux de la conception à l’accouchement. Au contraire des citoyens de Lost
Town qui ne pouvaient que rêver de recevoir le même niveau de soin que 『Chronos』. Le taux de mortalité des malades, des personnes âgées
et des enfants n’avait rien à voir avec celui de 『Chronos』.
Karan n’était pas
mécontente de sa vie à Lost Town, mais souvent elle avait dû reconnaître
qu’elle était tout en bas de l’échelle rigide que la cité avait créée.
Un frisson la
parcourut.
Elle ne frissonna pas
parce qu’elle se rendit compte qu’elle était tout en bas de l’échelle, mais
parce qu’elle comprit la vérité du fait que des gens régnaient sur d’autres,
que des gens en dominaient d’autres. Elle frissonna de n’avoir jusqu’à
maintenant pas réalisé cette réalité.
Comment avait-elle pu
être si inattentive ?
Riri secoua la tête.
Ses fins cheveux couleur de lin s’envolant.
「Ce
n’est pas Maman. C’est Papa. 」
「Getsuyaku-san ?
Est-il arrivé quelque chose à ton Papa ? 」
「Il
est au travail, même si c’est le 『Jour Saint』. 」
Le『Jour Saint』, à N°6, était l’un des jours de fête les plus
respecté. Bien sûr, les services de l’éducation et gouvernementaux, ainsi que
presque tous les magasins et les entreprises étaient fermés. La majorité des citoyens
se rassemblait sur l’esplanade devant l’hôtel de ville pour écouter
religieusement le discours du maire, où l’on célébrait la naissance et la
prospérité de N°6. Depuis l’année passée, la coercition avait progressé. En
faisant passer les citoyens par les portes jusqu’à l’esplanade, la ville
pouvait vérifier dans le détail qui avait ou n’avait pas participer à la
cérémonie. Tout citoyens qui n’avait pas une raison qui entrait dans leurs
critères était passé au peigne fin. On racontait que cela ressemblait presque à
des interrogatoires.
Etrangement, Karan
trouvait que cette ville devenait jour après jour de plus en plus étouffante. Toutefois,
beaucoup de citoyens participaient à la cérémonie non parce qu’ils y étaient
forcés, mais volontairement. Ils se réunissaient de leur propre volonté et
agitaient des drapeaux dorés sur fond blanc.
De leur propre volonté…
Était-ce vraiment le cas ?
「Ma
tante, la pâtisserie ?」demanda Riri en clignant des yeux. Karan en tenait
une dans sa main.
「Oh, non. J’en ai abimé une, quel gâchis. Alors,
Getsuyaku-san n’est pas en congé ?
「Oui…」
Même si la Fête était
un grand événement, il y avait de gens qui travaillaient comme n’importe quel
autre jour ou qui n’avait pas le choix que de travailler. Karan en faisait
également partie. Si elle ne travaillait pas, il n’y aurait pas de nourriture.
Les jours de célébration, les gâteaux et les pâtisseries se vendaient très
bien. Pour le dire de manière vulgaire, 「l’argent coulait à flot」ces jours-là. Cette années, Karan avait l’intention
d’utiliser cette raison pour ne pas participer. Sur sa demande de permission de
non-participation, elle avait dû inscrire en détails toutes les informations
sur son commerce depuis sa nature, en passant par ses ventes quotidiennes, le
développement de son enseigne, jusqu’à une estimation des profits qu’elle
ferait si elle ouvrait pendant les jours fériés. De plus, elle avait dû
remettre en personne sa demande au guichet de la ville. Cela avait été pénible
et cela aurait été plus commode de fermer et de participer, mais Karan avait
choisi de ne pas le faire.
Je ne dois pas me laisser aller à la facilité.
Elle l’avait déjà fait.
Elle avait négligé de s’entrainer à nager à contre-courant. Elle avait compris
que se laisser aller affaiblissait son cœur. N’en avait-elle pas appris le
résultat de la pire manière qui soit ?
On lui avait pris son
fils.
On lui avait pris
l’amie de son fils.
Ce qui lui était le
plus précieux lui avait été enlevé soudainement et absurdement.
Karan ne se laisserait
plus jamais aller à la facilité. Si elle renonçait, elle ne pourrait jamais
plus regarder en face Shion ou Safu. Elle ne pourrait pas les prendre dans ses
bras sans réserve une fois qu’ils serraient rentrés. Elle ne le supporterait
pas.
「Riri,
tu te sens seule sans ton Papa ? Mais, il est obligé d’aller travailler. 」
「Ce
n’est pas cela. 」dit Riri en secouant encore la tête.
「Maman
aussi a dit que je devais m’y faire. Mais, ce n’est pas cela. Ma tante, parce
que je viens vous aider, parce que je m’amuse, même si Papa n’est pas là, je ne
me sens pas seule. Mes amis, quand je leur dis que je travaille dans une
pâtisserie, tous, ils m’envient beaucoup ! ... C’est pourquoi, je ne me
sens pas seule… Je suis juste inquiète. 」
「A
propos de ton Papa ?」
Riri hocha la tête.
「Pourquoi ?
S’est-il passé quelque chose qui t’as inquiété ? 」
「Il
n’y a rien de particulier… Quand Papa part au travail, il me fait toujours un
bisou sur la joue. Il dit que cela le rend heureux de me faire un bisou. Comme
une sorte de porte-bonheur. 」
「Oh, quel merveilleux Papa !」
「Oui, il est merveilleux. Mais aujourd’hui, il a
oublié. Il est parti au travail sans me faire de bisou. Pendant que Maman et
moi parlions dans la cuisine… il est parti sans dire au revoir. 」
「Il était peut-être occupé.」
「Je ne sais pas. Il n’a pas beaucoup mangé au
petit-déjeuner non plus. La moitié d’un bout de pain et seulement son café. Il
soupirait aussi. Comme cela. 」Riri baissa les épaules et soupira.
Karan ressentie
de l’amour pour elle.
Riri
s’inquiétait pour son père à sa propre manière. Il avait peut-être des soucis,
il était peut-être fatigué, mais Riri avait remarqué ces petits changements
chez son beau-père, le compagnon de remariage de sa mère avec son regard
perçant.
Quand Riri était
toute petite, elle avait fait l’expérience de voir son père mourir devant elle.
Sa gentillesse venait-elle de cette expérience ?
「Riri…」
Karan ressentie
de l’amour pour cette petite âme.
Elle s’accroupit
devant elle et caressa ses cheveux de lin.
「Souris. Ton sourire est le porte-bonheur de ta Tante.
Quand Riri a un visage triste, cela me rend triste aussi. 」
「Ma tante… Aujourd’hui, Papa ne m’a pas fait de
bisous, mais tout ira bien n’est-ce pas ? Kami-sama[1] va
protéger Papa comme il faut, n’est-ce pas ? 」
「Bien sûr. Je sais, quand ton Papa rentrera, tu
pourras lui faire un bisou ! 」
「Oui ! Je ferais cela. 」
「Alors, ouvrons le magasin. Peux-tu aligner les cravates
sur le plateau et les mettre sur l’étagère ? 」
Chi-chi,
entendit-elle.
「C’est Monsieur la souris. Vous étiez encore là ?
」
Riri laissa
échapper une exclamation ravie. Sous la table, la souris au pelage brun remuait
son museau. Elle joignit ses deux pattes avant et agita la tête de bas en haut.
Karan comprit tout de suite qu’elle leur disait au revoir.
「Tu rentres auprès de ton maître. 」
Et auprès de mon fils.
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